29/09/2008

Delanoë fait grincer les dents dans son camp


Article publié le 29/09/2008 dans le Figaro par Sophie de Ravinel

Les dossiers du service minimum à l'école et des crèches loubavitch ont divisé la majorité au Conseil de Paris.


«Delanoë, vous le savez, il est plutôt légaliste…» Du seul commentaire de l'adjoint au maire de Paris chargé de l'éducation, Pascal Cherki, perçait lundi le regret. Bertrand Delanoë venait de dire son intention d'appliquer la loi du service minimum d'accueil (SMA) dans les écoles, les jours de grève. «Que les choses soient claires, a-t-il déclaré devant les élus du Conseil de Paris : la loi est promulguée, nous sommes républicains, nous l'appliquerons.» Même si le SMA contraint les communes «à assumer l'échec du dialogue social mené par l'État».

Situé à gauche du PS, Cherki bouillonne et prévient - à quelques jours de la grève du 7 octobre dans l'Éducation nationale - qu'à Paris, cette loi sera appliquée du seul bout des lèvres. Contrairement à Lyon où, croit-il savoir, le socialiste Gérard Collomb «non seulement appliquera le SMA mais doit même y être favorable». «Nous n'avons aucune obligation légale de quotas pour accueillir les élèves, a-t-il précisé pour sa part. Nous ferons donc au minimum : un animateur pour remplacer deux profs absents. De toute manière, ces jours-là, question sécurité, c'est l'État qui est responsable…».

Mais au sein de la majorité parisienne, ce sont les Verts qui se démarquent du maire de façon explicite. Leur président, Sylvain Garel, regrette que Bertrand Delanoë n'ait pas «résisté plus longtemps à cette loi inique». Et de s'indigner qu'une grève «ne dérange plus que ceux qui la font, parce qu'on diminue leur salaire».

Lundi, ces mêmes élus Verts sont montés au créneau avec les radicaux de gauche, pour aborder le deuxième des sujets ayant divisé la majorité municipale : celui des subventions accordées aux crèches associatives des juifs loubavitch. «Elles approchent le million d'euros, note Garel, pour des crèches limite sectaires, non mixtes où, de fait, seuls sont acceptés les enfants de confession juive.» Il regrette que Delanoë, «pour des raisons électoralistes», ne soit pas «plus attentif au respect du service public et de la laïcité».

«Montée du communautarisme»
Sur cette ligne, il est rejoint par la maire PS du XXe arrondissement, très sensible «à la montée du communautarisme» dans son quartier. Frédérique Calandra, qui «refuse d'avoir peur qu'on (la) traite d'antisémite», affirme : «Comme tous les intégristes, les Loubavitch véhiculent un modèle de société auquel je suis farouchement opposée.» «Les premiers excédés sont mes amis juifs libéraux», note-t-elle en se réjouissant que, malgré le vote de la subvention, Delanoë ait décidé la création d'une commission pour étudier le respect, ou non, des conventions publiques.

De son côté, Claude Goasguen - député maire du XVIe -, qui a voté les subventions, comme l'ensemble du groupe UMP, s'est ironiquement réjoui que le maire de Paris «partage les vues du président en matière de laïcité positive». Le maire, hors de lui, s'en est défendu.
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Résumé:

Audit de l'association Jeunesse Beth Loubavitch
Par lettre de mission du 20 décembre 2005, l’Inspection générale a été chargée de mener un audit de l’association Jeunesse Beth Loubavitch.
L’association gère deux crèches collectives dans le 19° arrondissement, rue Petit et rue Riquet, comportant 81 places. Elle bénéficie de subventions qui se montent respectivement à 120.875€ et 25.848€, en application des conventions qu’elle a passées avec la Ville de Paris (Direction des Familles et de la Petite Enfance).
Par ailleurs, elle gère un ensemble scolaire (école, collège, lycée) et bénéficie de subventions de la Ville de 447.661€ pour l’école et 75.668€ pour le collège. En 2004, l’association a accueilli en tout 1658 élèves.
Au terme de leur audit, les rapporteurs souhaitent mettre en avant les éléments suivants :
La réalité de la vie associative ne correspond pas toujours aux statuts.
L’association ne peut être regardée comme une association cultuelle au sens de la loi du 9 décembre 1905, car elle n’a pas pour objet exclusif l’exercice d’un culte. La Ville et le Département sont fondés à subventionner ses activités.
L’association présente une situation financière toujours fragile, même si le dernier emprunt souscrit lui a permis d’en refinancer d’autres et de faire face à ses dettes courantes et donc de lever son interdiction bancaire. Son fonds de roulement demeure toujours négatif. Tout nouvel investissement doit donc être différé dans l'attente que l'association dispose d'un montant minimum de fonds de roulement.
Le prix de revient des deux crèches apparaît modéré par rapport aux autres crèches associatives. Le montant des participations familiales et celui de la subvention municipale par berceau sont également plus faibles.