30/12/2008

Film: Roman Polanski " wanted and desired "

Roman Polanski: wanted and desired, est un documentaire de Marina Zenovitch qui sort en salle le 31 décembre 2008.

Une décapante analyse sur l'inefficacité de l'appareil judiciaire face aux problématiques sectaires
.

Publié sur ORSERIE le site collaboratif  du beau et du bien-être mardi 30 décembre 2008, article d'Olivier Bailly

Roman Polanski, wanted and desired : le procès du procès


Roman Polanski a fui l'Amérique il y a trente ans. Son départ précipité tient de l'évasion rocambolesque. A un détail près : le réalisateur du Bal des vampires n'était pas derrière les barreaux lorsqu'il s'est sauvé. C'est pour éviter une lourde peine de prison qu'il a gagné Londres puis la France où il a depuis refait sa vie. Que s'est-il passé ?

En 1977 le cinéaste est accusé d'avoir abusé d'une mineure. S'ensuit un procès inique mené par un juge davantage préoccupé par sa renommée et les médias que par la recherche de la vérité. Avec Roman Polanski : wanted and desired, la réalisatrice Marina Zenovitch se focalise non pas sur l'affaire en tant que telle, mais sur ses suites juridiques.

Mené de main de maître, ce documentaire qui a été récompensé au festival de Sundance, présenté en sélection officielle à Cannes et au festival de Deauville est le procès du procès. Il comporte tant de révélations qu'il pourrait peut-être changer la donne et permettre enfin à Roman Polanski, aujourd'hui âgé de 75 ans, de retourner aux Etats-Unis.

En Californie, en 1977, un scandale défraye la chronique judiciaire et mondaine : le cinéaste Roman Polanski est accusé de viol sur la personne d'une mineure, Samantha Geimer. Il a 43 ans, elle en a 13. Ce n'est pas la première fois que le réalisateur du Bal des vampires, du Couteau dans l'eau, du Locataire, etc., fait les gros titres de la presse. En1969, alors qu'il prépare un tournage à Londres, sa femme, l'actrice Sharon Tate, est assassinée dans leur maison, en Californie. Mais le cinéaste trouve la force de survivre à ce drame. Il tournera Chinatown en 1974 qui remportera un succès international.

Polanski, depuis Rosemary's Baby (1968), est régulièrement visé par certains groupes de pressions américains qui l'accusent de satanisme. Autant dire qu'en ce pays puritain et outrancièrement moraliste, sa réputation est sulfureuse. Surtout que dans ses films il s'ingénie à explorer la face sombre de l'âme humaine. Bref l'homme - qui plus est charmant, séducteur, intelligent, talentueux - intrigue.

En 1977, donc, rappelle Le Figaro, « les parents de Samantha Geimer accusent le cinéaste d'avoir abusé de leur fille de 13 ans, après lui avoir fait consommer de la drogue et de l'alcool, lors d'une séance photo pour un grand magazine de mode, se déroulant dans la demeure de Jack Nicholson. Roman Polanski plaide coupable de « relations sexuelles illégales » et est condamné à une « évaluation » de trois mois dans une prison. Le cinéaste y passera 47 jours. En janvier 1978, lors d'une réunion avec ses avocats, le juge laisse entendre qu'il le renverra sous les verrous pour une nouvelle période de 48 jours. Roman Polanski prend un avion pour l'Europe et devient (et demeure) un fugitif aux yeux de la justice américaine ».

Ce qui intéresse le juge Laurence Rittenband, chargé de cette affaire, c'est moins sa trouble réputation que la célébrité du prévenu. Lui qui n'aime rien tant que les stars et la publicité s'en lèche les babines. Ce procès, qu'il transformera en mascarade médiatique, sera la grande affaire de sa vie, mais aussi sa fin, car il en sera dessaisi. Comme l'écrit Gérard Lefort dans Libération : « Le gus, par ailleurs très bon vivant (champagne et girlfriends), mettant littéralement en scène la chance d'avoir sous sa griffe un cinéaste alors célèbre autant pour ses films que pour le massacre quelques années auparavant de son épouse [...] ne veut pas tant la peau de Polanski que faire durer le plaisir du procès pour augmenter sa propre gloire médiatique. Ce qui, à terme, le perdra, puisqu'il aura l'imprudence d'organiser une conférence de presse alors que le procès est en cours, et sera à ce titre récusé. »

Dans Roman Polanski : wanted and desired, la victime, Samantha Geimer (qui depuis a tout pardonné au cinéaste), est plus laconique : « Le juge adorait la publicité, peu lui importait ce qui m'arrivait ou ce qui arrivait à Polanski ».

Dans ce documentaire non autorisé, Marina Zenovitch ne se place pas du côté de la défense ou de l'accusation. Peu importe les faits reprochés à Polanski. Peu importe, également, l'œuvre du cinéaste dont la biographie est sommairement esquissée. Elle ne cherche pas davantage à lui plaire. Son portrait est sans complaisance, mais sans sévérité non plus. Le film enquête sur le procès et ne dévie jamais de sa trajectoire. Il en sort des révélations pour le moins troublantes sur les manières d'agir du juge Rittenband. Des manières aussi bien contestées par les avocats de la défense que par celle de l'accusation.

Roman Polanski : wanted and desired est une réussite. C'est un film haletant, sans temps mort, bourré d'images d'archives, de séquences d'actualités où l'on voit un Polanski fidèle à lui-même, séducteur, intelligent, narquois. Certaines scènes de films tournés par le réalisateur ponctuent intelligemment l'ensemble. Des scènes de fiction où l'on voit un Polanski traqué, hanté, inquiet...

Quant aux principaux protagonistes, des journalistes aux avocats en passant par les flics et la victime, ils sont tous là et expliquent chacun en détail leur vision de ce procès. Il ne manque que le juge, décédé depuis, et Polanski. L'enquête est si bien menée qu'on en finit par penser que la manière dont se déroule ce procès est presque plus scandaleux que les faits reproché à Polanski. Là-dessus, d'ailleurs, il y aurait beaucoup à dire car finalement, même si la victime a pardonné, que s'est-il réellement passé ?

On serait presque tenté de reprocher à Marina Zenovitch de ne pas s'appesantir sur l'affaire elle-même. La mère de Samantha Geimer, actrice de seconde zone, connaissait la réputation du cinéaste. Pourquoi donc avoir laissé sa fille, qui même âgée de 13 ans n'avait rien d'une gamine pré-pubère, avec un tel « monstre », un tel « pervers »  ?

Recherché en Californie, aimé en France, tel est le dilemme dans lequel évolue le cinéaste trente ans après les faits. Ce n'est bien sûr pas aussi simple. Ni complètement vrai. Le Pianiste, qui a été un immense succès aux Etats-Unis, y a reçu trois Oscars en 2003, au milieu des ovations.

Cependant, Polanski sait que s'il revient aux Etats-Unis la justice ne l'acclamera pas ! Il a récemment émis le vœu d'y retourner, libre. Ses avocats ont demandé la justice californienne d'abandonner les poursuites.

Ce film pourrait changer la donne car il apporte la preuve éclatante que le procès inique ou plutôt le grand spectacle médiatique tenu il y a trente ans est entaché d'irrégularités flagrantes.

Welcome, Mister Polanski ?

22/12/2008

La nouvelle stratégie de la MIVILUDES

Georges Fenech, nouveau président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a été clair, en dénonçant les agissements de ce groupe de prières. Pour lui, il y a bien une dérive sectaire caractérisée. Depuis trois ans déjà, cette « association » était suivie par les services d'enquête et les plaintes formulées par les familles et les anciennes victimes.

Georges Fenech nous confiait vendredi soir : « Il y a des cas avérés de ruptures familiales. On a l'habitude de voir ça quand il y a une emprise mentale et sectaire. On ne peut pas contester la légitimité d'un groupe de prières dans ses croyances. En soi, ce n'est pas condamnable. Mais on avait accumulé des preuves de confessions publiques. On voit que des jeunes enfants sont influencés par de longues journées de prières et totalement subjugués par une femme qui délivre des prétendus messages de la Vierge. Il y a aussi des cas concrets d'exigences financières. Le 11 décembre, on leur a rendu visite. C'est une nouvelle méthode que nous avons inaugurée.
Ce jour-là, je me suis rendu à Chaussin dans le Jura en me présentant au propriétaire qui nous a reçus librement. J'ai constaté qu'il y avait quatorze caravanes, toutes bien entretenues et propres.
J'ai ensuite rencontré l'une des filles d'Eliane Deschamps qui a fait preuve d'un grand courage et qui a réussi à sortir de cette emprise. J'ai également rencontré Eliane Deschamps. J'ai rencontré Mgr Minnerath à qui j'ai fait part de toutes nos découvertes. Je lui ai demandé s'il était allé les voir. Il m'a dit que non. Il me semble que l'évêque du Jura a été plus clair dans ses rapports et moins ambigu.
Aujourd'hui (vendredi) deux de mes conseillers techniques ont fait le point sur cette affaire, au conseil général, à l'occasion de la signature du protocole « violences conjugales en Côte-d'Or ». On donne tous les éléments que nous possédons au préfet.
Georges Fenech nous a également clairement exposé sa nouvelle stratégie.
Regrettant que la nouvelle loi About-Picard de 2001 ne soit pas assez appliquée, il a organisé dernièrement une session de formation qui rassemblait 150 magistrats.
Cette nouvelle loi a été appliquée une première fois à l'encontre de Néo Phare à Nantes, une instruction est en cours à Lisieux et une douzaine d'enquêtes dans différentes juridictions. Il est apparu à la Miviludes que cette nouvelle notion d'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de faiblesse plongeait aisément les enquêteurs et les magistrats dans un certain embarras. Pour lever toute difficulté, Georges Fenech envisage de créer une « cellule d'intervention mobile sur les agissements sectaires » qui seconderait les enquêteurs et les magistrats. Ces spécialistes proviendraient du secrétariat général de la Miviludes. Toujours dans cet esprit, Georges Fenech déclare vouloir donner une dimension plus opérationnelle à sa mission.

18/12/2008

“Mouvements sectaires : Ces gourous qui nous manipulent”.

L'émission LES INFILTRES du 17 décembre 2008 enquête sur les mouvements sectaires

infiltres france2 capa

Sur France2, LES INFILTRES ont proposé un documentaire exclusif sur les groupes sectaires:

“Mouvements sectaires : Ces gourous qui nous manipulent”.

Superbe infiltration, excellente caméra cachée et pour une fois les droits de l'Enfant face aux crimes sectaires sont mis en évidence à la télé, pour la première fois pas seulement concernant les habituels TJ et chiantox.

Suite à la diffusion de ce document inédit, David Pujadas a reçu sur son plateau notre amie associative des familles affectées par les faux souvenirs induits, Alain Stoffen sortant, ex adepte de la sciento, mais aussi Georges Fenech récemment nommé par François Fillon en charge de la lutte contre ces dérives à la MIVILUDES … dommage pour l'inintéressant propos voire court de l'ex-députée, présidente d'association qui dans son intitulé familiale de défense de l'individu, dit défendre les "victimes" de "sectes", mais comme nous l'avions fait savoir à la journaliste de CAPA et à la productrice du plateau, il ne fallait pas inviter le lobby prosectaire qui en a profité pour encenser le contradictoire, si util aux psycho-juridicisés, au marché des procédures dur$, durent et aux adeptes ou organisations sectaires, comme nous le constatons sur le terrain ainsi que les associations honnêtes de prévention et d'information sur la manipulation mentale.

Souhaitons que M. le Président Fenech ait pris bonne note du desordre judiciaire actuel qui facilite les captures et pièges sectaires.

Merci surtout Pascal pour son courage éditorial, bien que la censure des services juridiques de la chaine ait encore sévit rendant quasi invisible les caméras cachées et personnes floutées... Est-ce que les censeurs juridico dépendants respectent le droit de la presse?

Ci-aprés le commentaire sur le blog de l'Agence CAPA, productrice du reportage pour "les infiltrés" de David Pujadas, rédacteur en chef: Laurent Richard qui avait déjà infiltré, il y a 4 ans, avec Antonio Fischetti de Charlie hebdo, une autre organisation sectaire Landmark de type marketing pyramidal.

Manipulés , isolés , escroqués….En France, plusieurs centaines de milliers de personnes seraient sous l’emprise de groupes sectaires.
Ces multiples organisations promettent toujours la même chose : le bonheur absolu, un épanouissement de tous les instants, de nouveaux pouvoirs, une harmonie totale …En somme, une nouvelle vie.

Derrière ces promesses se cachent souvent de bien douloureuses méthodes : Escroquerie, déstabilisation mentale, traitement douteux,abus de confiance…Autant de dérives sectaires qui, aujourd’hui, toucheraient de plein fouet plusieurs milieux dont le monde paramédical. Leur cible principale: les enfants.

Plus troublant encore: ces thérapeutes qui inventent de faux traumatismes soit disant vécus dans l’enfance. Des psychothérapies sauvages aux conséquences souvent désastreuses. Il s’agit là du « syndrome des faux souvenirs induits», un nouveau phénomène qui touche de nombreux pays.

Pour mener l’enquête, l’une de nos journalistes s’est infiltrée au sein de plusieurs mouvements à caractère sectaire. Pendant plusieurs mois, elle a évolué dans ces milieux clos, là où les caméras sont rarement les bienvenues…

QUELQUES CHIFFRES :

  • 45 000 enfants « Témoins de Jéhovah »
  • 250 000 personnes touchées par les pratiques sectaires
  • 173 mouvements sectaires en France répertoriés en 1995
  • Plus de 10 000 « psychothérapeutes » en France
  • 80% des victimes de « faux souvenirs induits » sont des femmes
  • 55 000 Raëliens dans le monde selon Raël
  • 6 000 Français membres du Mouvement Raëlien selon Raël

Plus d’infos sur le site des INFILTRES sur France2.fr

09/12/2008

Conférence sur les sectes et les jeunes

Le collège Saint Jean invite Jacky Cordonnier pour une conférence ouverte au public, le jeudi 11 décembre à 17h15, dans la salle polyvalente du collège. Le thème retenu pour la conférence est les sectes et les jeunes , le satanisme. Après un entretien avec les jeunes dans l'après midi, le conférencier s'adressera aux adultes.

Photo: Jacky Cordonnier: historien des religions et spécialiste des sectes .

« Jacky Cordonnier est une référence pour toutes les questions de sectes, dérives sataniques et n'hésite pas à combattre l'intolérance, le racisme et ceux qui utilisent la souffrance, la misère et l'ignorance pour leurs profits financiers ou idéologiques » explique l'adjoint en pastorale et responsable des animations.

« Historien des religions, Jacky Cordonnier est membre du Conseil d'Orientation de la MIVILUDES, Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires auprès des Services du Premier Ministre. Expert judiciaire, vice-président d'une association de protection de l'individu le GEMPPI (Groupe d'Etudes des Mouvements de Pensée pour la Protection de l'Individu ) et auteurs de livres, ouvrages de références en France comme à l'étranger, il parcourt la France pour donner des conférences. Il consacre sa vie à la lutte contre tous les fanatismes, intégrismes, communautarismes et leurs dérives sectaires. Il est régulièrement sollicité pour toutes ces questions par de nombreux médias de la presse écrite. » souligne l'animateur du collège.

Jeudi au collège St Jean, J Cordonnier orientera sa conférence sur ce qui attirent les jeunes dans les sectes ou les mouvements sataniques et les conséquences dangereuses. Comment peuvent-ils se faire manipuler ? Comment être alerté, et réagir ? L'influence de la musique métal, les pratiques rituelles…

De 17h15 à 18h30 salle polyvalente du collège St Jean Entrée libre

20/11/2008

Les séparations conflictuelles


Rapport du Défenseur des Enfants: les parents qui se séparent doivent recourir à la médiation familiale.
Hebdomadaire Notre famille d'aprés AFP

La Défenseure des enfants Dominique Versini défend le recours à la médiation familiale judiciaire en cas de désaccord entre parents séparés sur la garde des enfants, dans un rapport au président de la République rendu public jeudi.

(JPG) Une enfant sur quatre aujourd'hui ne vit pas avec ses deux parents.

"La famille est en mouvement permanent", souligne la Défenseure, les mariages sont en baisse d'année en année et les divorces en hausse, le nombre de Pacs a quintuplé en dix ans et la moitié des naissances ont lieu hors mariage.

Si la séparation des parents est toujours un choc pour l'enfant, la séparation conflictuelle est "une vraie souffrance", dit-elle, aux conséquences durables, le conflit empêchant les parents d'assurer leurs tâches éducatives.

S'appuyant sur l'exemple de pays comme le Québec ou la Suède, la Défenseure propose de nouvelles règles privilégiant les droits de l'enfant et la médiation, très peu pratiquée en France puisqu'elle n'est intervenue en 2006 que dans 1% des 360.000 affaires soumises aux juges des affaires familiales (JAF).

Elle propose d'inscrire dans la loi un dispositif complet de médiation.

Un entretien d'information serait obligatoire lors de toute requête sur l'exercice de l'autorité parentale, avant l'audience devant le juge, pour inciter les parents à se rendre dans un des "services de médiation familiale" de la Cnaf (caisse nationale des allocations familiales).

Puis, la médiation judiciaire, actuellement "possible", deviendrait obligatoire en cas de désaccord des parents lors de l'audience.

En cas d'échec de toute médiation, il pourrait être désignée plus fréquemment une "tierce personne", professionnel spécialisé dans la gestion de conflit.

Les conflits, comme le non respect du droit de visite, un déménagement sans prévenir l'autre parent, le refus d'assumer les obligations financières, proviennent très souvent, a constaté aussi Mme Versini, d'une méconnaissance de la coparentalité, définie par la loi de mars 2002.

Très souvent, un couple qui se sépare "ne comprend pas qu'il reste un couple parental et qu'il doit continuer à prendre toutes les décisions ensemble concernant les enfants", dit-elle.

Création d'un portail grand public, inscription sur le livret de famille ou le carnet de santé de l'enfant, le rapport fait plusieurs recommandations pour informer les parents.

Le rapport recommande d'inscrire dans la loi le droit de l'enfant de garder des relations personnelles avec chacun des parents, et avec certains tiers qui ont partagé sa vie.

Alors qu'aujourd'hui il faut qu'un mineur fasse une demande pour être entendu, ce qui le place dans une situation difficile vis-à-vis de ses parents, le rapport recommande que le juge reçoive "tout enfant capable de discernement" pour l'informer de son droit à être entendu par lui-même ou par un psychologue.

En Allemagne, rappelle Mme Versini, le juge voit l'enfant dès l'âge de 3 ans à son domicile. En Belgique, il juge reçoit systématiquement tous les enfants de plus de 12 ans.

La justice ne s'adapte pas assez à l'évolution et la complexité des situations familiales, alors que 65% de l'activité des tribunaux de grande instance concerne les contentieux familiaux, estime enfin Mme Versini.

Elle recommande de faire du juge aux affaires familiales un juge spécialisé et de créer un Pôle enfance-famille au sein de chaque tribunal, doté de psychologues à temps plein.

Pour aller plus loin
la synthèse du rapport de Mme la Défenseure de l'Enfant.

le dossier de presse sur le site du Défenseur de l'Enfant
le dossier de presse selon une association homoparentale

13/11/2008

Etre parent s'apprend?


photo afp

SAINT-MÉDARD-EN-JALLES 33. C'est une première dans le département. La CAF organise demain et samedi une manifestation dédiée aux familles.
Explications
La famille, sous toutes ses formes, sera au centre des « Journées des parents en Gironde », rendez-vous qui a lieu à Saint-Médard-en-Jalles
Etre parents n'est pas un métier mais demande un apprentissage. Chacun le sait. Un apprentissage évolutif : les besoins du nourrisson ne sont pas les mêmes que ceux du petit écolier, qui sont bien différents de ceux de l'ado et encore du jeune adulte qui se lance dans la vie active. Chaque parent se croit seul face aux difficultés qui se présentent à lui. Erreur : l'éducation est partagée avec la société, via la nounou, puis l'école, les clubs, les assos. Et il est bien rare qu'un parent connaisse une situation inédite. Alors, la CAF de la Gironde et ses partenaires, la Ddass, l'État, le Conseil général, l'émanation commune de ces organismes (et d'autres) qu'est le Réseau écoute appui et accompagnement des parents, ont décidé d'organiser les premières « Journées des parents en Gironde ». Des professionnels seront là, nombreux, de tous horizons et toutes spécialités, pour éviter un écueil : que l'on se contente des constats que chacun connaît. Entrevues personnalisées. Des dizaines de parents et des associations ont travaillé à l'organisation de ces deux journées sous la coordination de Philippe Guillet, cadre à la CAF de la Gironde. Parmi les thèmes retenus, on évoquera la famille unie ou désunie, l'arrivée de l'enfant dans le couple, l'échec scolaire, le handicap, la différence, la violence, l'amour. On dira aussi qu'être parent est un bonheur, il ne faudrait quand même pas l'oublier ! Ces journées se partageront entre des rencontres dans la grande salle du Carré des Jalles (350 places), des ateliers plus restreints, des entrevues personnalisées avec des professionnels, des échanges entre parents à l'espace Café. Elles seront entrecoupées de petits spectacles amenés par des comédiens ou des clowns. Sérieux, pas dramatique. « La parentalité est un sujet sérieux, note Philippe Guillet, mais ce n'est pas forcément dramatique. On ne naît pas parent, on le devient. Chacun a des compétences, mais tous n'ont pas les mêmes. D'où l'intérêt qu'ils se rencontrent. » Pour participer à ces journées, il convient de s'inscrire sur le site internet de la CAF (l'accueil par demi-journée est limité à 850 personnes). Ces journées donneront lieu à la réalisation de trois films qui pourront être diffusés dans les réseaux de parentalité. Pour y contribuer, les parents pourront s'exprimer face à un caméra-maton. « Nous sommes dans un monde où tout le monde court. Nous avons voulu faire une pause en disant "Prenons le temps entre parents"», résume Philippe Guillet.

Vendredi 14 à partir de 9 heures ; samedi 15 à 9 h 15. Jusqu'à 20 h 30. Au Carré des Jalles à Saint-Médard. Entrée gratuite. Inscriptions sur www.caf.fr

10/11/2008

BD: sortie de Charisma (Tome2)

De Tsutomu Yashioji, Taisei Nishizaki
Chez Delcourt éditeur

Afin d’aider à la réussite de son enfant, une jeune femme au père très riche fait ses premiers pas vers l’entrée dans une secte…

Reiko est la fille un peu naïve d’un homme très riche, elle vit avec un mari au poste modeste et le jeune couple a décidé de se passer des aides du paternel, au grand dam de celui-ci.
Récemment, ils ont placé leur enfant dans des cours de soutien scolaire.
Deux personnes du personnel encadrant viennent voir la jeune femme pour lui parler d’un programme destiné à modifier l’attitude des parents, afin de leur permettre d’adopter des comportements idéaux pour la réussite de leurs enfants.
Malgré quelques réticences du mari, Reiko finit par le décider et elle va à une conférence, l’occasion pour elle de rencontrer le directeur de ce mouvement qui l’émeut et la décide à participer à un séminaire…

Le mécanisme d’entrée dans la secte est ainsi décrit, de même que quelques rouages.

Les motivations du gourou sont limpides et caricaturales.
Il a bien du mal à se contrôler en présence de la belle Reiko, portrait craché de sa mère.
Si le procédé est peu subtil, les réactions des proches des victimes des sectes sonnent parfois justes et sont sensibles : ce sont eux qui paraissent les plus crédibles.
Le graphisme de Taisei Nishizaki est clair, propre, parfois maladroit, avec une mise en page simple.
Les fioritures et décors ne sont pas de mises : tout est centré sur les expressions des personnages.


Charisma (T2)
- Scénario : TsutomuYashioji, d’après le roman de Fuyuki Shindo
- Dessin : Taisei Nishizaki
- Traduction du Japonais : Tetsuya Yano
- Adaptation : Nagy Véret
- Adaptation graphique : Benoît Lassailly
- Conception graphique : Trait pour trait
- Editions : Delcourt
- Label : Akata
- Collection : Ginkgo
- Dépôt légal : Octobre 2008
- Format : Broché, noir et blanc, avec jaquette
- Pagination : 224
- ISBN : 978-2-7560-1355-8
- Prix public : 7.50 €

09/11/2008

Solal, 9 ans, enlevé et déporté dans une 'secte' par sa mère

Un enfant belge enlevé par sa mère et placé dans une communauté ultraorthodoxe


La police israélienne a la certitude qu'un enfant belge de 9 ans, Solal Georis, a été "exfiltré vers l'étranger" par sa mère et ceux qui la soutiennent, dans un dossier de rapt parental.



Solal se trouverait désormais placé dans une communauté ultraorthodoxe disposant de bases aux Etats-Unis ou en Argentine.
La justice israélienne avait pourtant donné raison au père de Solal, Vincent Georis, ordonnant que l'enfant devait retourner en Belgique, révélait ce matin le quotidien Le Soir.
Tout a commencé en Belgique lorsque Vincent Georis et Ronite Bitton, une franco-israélienne, se rencontrent en 1988. En 1999, le couple a son premier enfant nommé Solal. La situation familiale est alors des plus normale...
Cinq ans plus tard, les ennuis commencent. Le couple divorce. Lorsque la garde principale de l'enfant est, sur décision de justice, confiée au père, les événements s'accélèrent.
La mère, établie en France avec son fils, s'oppose à cette décision en saisissant le tribunal de Grande instance de Nanterre. Mais rien n'y fait, la justice donne toujours raison au père. Petit problème néanmoins: la justice française se rend compte que Ronnie Bitton a déjà quitté le territoire avec Solal, sans laisser d'adresse...
Interpol Jérusalem a signalé en 2006 l'arrivée sur le territoire israélien de Solal, avec un passeport français sur lequel il est indiqué un faux nom. Au passage, la justice israélienne se charge également de l'affaire et donne, elle aussi, raison au père de l'enfant.
Mais le temps passe et Solal n'est toujours pas de retour aux côtés de son père. D'après des sources sérieuses, il aurait été incorporé dans une communauté juive ultraorthodoxe établie près de la bande de Gaza.
Sa mère, appuyée par sa communauté, refuse de rendre l'enfant. Elle est arrêtée puis emprisonnée à Nève Tirtza avant de se retrouver assignée à résidence surveillée chez un rabbin. Elle est citée à comparaître le 1er décembre devant le tribunal de Nanterre pour rapt d'enfant.
Solal serait, lui, toujours gardé précieusement au sein de la communauté ultraorthodoxe qui l'aurait extradé vers les Etats-Unis... Malgré les décisions des justices belge, française et israélienne...

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Belgique - RTL info, société , dim 9 nov, 16:06

Vincent Georis est désemparé. Depuis plusieurs mois, il est sans nouvelle de son fils de 9 ans, Solal. Son ex-femme israélienne l'a emmené en Israël, après leur divorce. Un rapt parental qui a bouleversé la vie de Vincent.

"En novembre 2005, la justice belge avait décidé de me confier l'hébergement principal de Solal et un droit de visite à sa maman. Deux mois après, Solal avait disparu", raconte Vincent Georis au micro d'Eric Van Duyse. Le jeune garçon est d'abord retrouvé en France. Mais alors que la justice française est saisie, la mère et l'enfant disparaissent à nouveau. Il faudra un an pour les retrouver. Ils sont dans une communauté ultraorthodoxe juive, près de la bande de Gaza en Israël. Après un an de nouvelles démarches judiciaires, la cour suprême israélienne donne raison au père de Solal, ordonnant que l'enfant retourne en Belgique.
Mais, il a déjà été influencé. "C'est un petit garçon qui a grandi à Bruxelles. Mais après être passé dans cette communauté, il a été endoctriné. Il n'avait plus de cours de math, ni de science. Il devait étudier à travers la Bible. Les quelques fois où j'ai pu encore le voir, il parlait de façon de plus en plus intégriste sur les musulmans, les chrétiens. Cela devenait très choquant parce que j'ai tout fait pour qu'il reste tolérant et ouvert", explique Vincent Georis.

Un témoignage émouvant

Trois ans de démarche. Sept voyages en Israël. Dix juges à travers trois pays qui ont confié la garde au père. Mais rien n'y fait. Solal n'est plus ni avec sa mère, ni avec son père.
Selon la police israélienne, le garçon a été "exfiltré vers l'étranger" par sa mère et ceux qui la soutiennent. Arrêtée, elle est à présent sous contrôle judiciaire, mais le garçon reste introuvable. Il se trouverait désormais placé dans cette communauté ultraorthodoxe disposant de bases aux Etats-Unis ou en Argentine.

Vous pouvez aussi lire l'entretien avec le papa de Solal sur le site de Sos enfants

Le RPE connait plusieurs familles, pères et grands-parents coupés de leurs petits enfants ou bien en risque de coupure du fait de l'appartenance de l'un des parents à cette communauté.

Il y a quelques années encore la CPPS, cellule de prévention à l'Education Nationale considérait cette communauté "ultra orthodoxe" de la même façon que les légionnaires du Christ ou le Jihad islamique, nous sommes d'accord.

Les videos suivantes montraient les pouvoirs publics et cette organisation "ultra orthodoxe" internationale qui se revendique juive , mais hélas ces videos ont disparu du serveur dailymotion cependant vous pouvez contacter infomanip at wanadoo.fr qui les conserve sur un serveur hors Union européenne en copie. Faites leur la demande.









Ouvrage recommandé par le Centre Georges Devereux, dirigé par Tobie Nathan, Ethnopsychiatre:
N. BELLAICHE, Les Loubavitch : chemins juifs de la repentance. Description d’un groupe juif orthodoxe à Paris.


En ce moment à l'affiche: My Father my Lord

Voir la critique sans compromis par l'AJHL


association juive laïque et humaniste

06/11/2008

Livre sur la vie brisée des enfants dans les sectes

La chercheuse Lorraine Derocher raconte dans un ouvrage la vie brisée des enfants élevés dans des sectes radicales




Dans les griffes des sectes

Le journal Université de Sherbrooke
6 novembre 2008
France Lavoie

Chargée de cours et doctorante en études du religieux contemporain à la Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie, Lorraine Derocher est l'une des spécialistes québécoises de la question des sectes, et particulièrement de l'emprise de ces organisations sur les enfants qui y grandissent pratiquement coupés du monde extérieur. Plus tôt cette année, celle qui est également professionnelle de recherche au sein du groupe Société, droit et religion de l'Université de Sherbrooke (SODRUS) publiait l'ouvrage Vivre son enfance au sein d'une secte religieuse - Comprendre pour mieux intervenir, aux Presses de l'Université du Québec conjointement avec le SODRUS. Lorraine Derocher est fréquemment sollicitée par divers organismes qui ont besoin de formation en la matière, et elle est appelée à aider les intervenants qui accompagnent les personnes qui ont vécu leur enfance au sein d'une secte religieuse. Elle constate d'ailleurs à quel point les ressources font cruellement défaut pour aider ces personnes.
C'est une rencontre il y a quelques années avec une personne qui venait de quitter le groupe radical où elle avait été élevée qui a amené la doctorante à s'intéresser aux enfants des sectes religieuses. «Comme je suis une personne très engagée sur le plan social, cette cause est venue me chercher et j'ai voulu aider. Force m'a été de constater qu'il y avait peu de recherches sur la question des enfants qui ont grandi au sein de groupes religieux relativement fermés à la société. Les policiers, psychologues, médecins et travailleurs sociaux manquent d'outils pour intervenir dans ces cas précis», révèle-t-elle.À preuve, encore récemment, les autorités se sont tournées vers la chercheuse pour guider une personne sans ressource. Lorraine Derocher mène actuellement une campagne de financement et agit comme conseillère pour aider cette personne sortie tout récemment d'un groupe très fermé à la société, après y avoir vécu son enfance et passé plus de 30 ans de sa vie.
«Pour moi, nous faisons face à l'injustice des injustices : non seulement l'enfant n'a pas choisi de vivre dans ces milieux, mais après la sortie, la société n'est pas équipée pour l'accueillir comme adulte», dit-elle.Cela dit, Lorraine Derocher rappelle que les nouveaux mouvements religieux constituent un phénomène minoritaire. «Mon livre traite principalement de sectes radicales et fermées à la société, celles à caractère apocalyptique.
Certains de ces jeunes n'ont pas fréquenté l'école, le médecin ou le dentiste. Certains n'ont même jamais regardé la télévision ou ne connaissent pas Internet», poursuit la chercheuse. Cette situation suscite un autre problème : à cause du manque de contacts avec l'extérieur, il n'y a pas de signalements auprès des autorités dans les cas de négligence ou d'abus. «Si vous y pensez bien, nos prisonniers eux, sont parfois mieux traités», estime-t-elle.
Les gens attirés par les nouveaux mouvements religieux le sont souvent à un carrefour de leur vie, et en quête de réponses à leurs questions existentielles. Mais cela peut aller au delà de ces considérations. «Une personne peut vouloir nourrir sa spiritualité, se joindre à une communauté ou chercher à expliquer la souffrance, la mort et la complexité du monde, dit la chercheuse. Toutefois, une secte radicale, c'est un groupe religieux qui, à cause de sa fermeture et ses contestations des valeurs de la société moderne (économie, globalisation, science, etc.), est porté à déraper. Donc l'entrée d'un individu dans un mouvement religieux radical traduit souvent son insatisfaction vis-à-vis de la société dans laquelle il vit.»
En attendant la fin du monde
Les groupes auxquels s'intéresse particulièrement Lorraine Derocher sont ceux qui attendent, de façon concrète et imminente, la fin du monde. Un milieu très néfaste pour les jeunes enfants qui en font partie. «Le temps de l'enfance est généralement un moment rempli de magie, explique-t-elle. Dans ces groupes, on grandit dans un environnement où l'on se prépare à une catastrophe. Mes études ont démontré qu'au delà des défis normalement liés à l'intégration d'une nouvelle société, c'est la vision du monde intériorisée qui constitue le plus grand défi. En d'autres termes, même sorti de son environnement sectaire, le jeune continue à faire une lecture religieuse de la réalité : il a peur des gens du monde, il craint que la fin arrive et parfois, il pense qu'il ira en enfer parce qu'il est sorti de son groupe.
Les sept personnes avec qui j'ai travaillé pour écrire mon mémoire ont toutes regretté leur départ au 11 septembre 2001. et si c'était vraiment la fin du monde? Voilà la démonstration d'une vision du monde intériorisée.»Les raisons qui amèneront une personne à quitter une secte diffèrent selon qu'elle y ait grandi, ou qu'elle l'ait rejointe à l'âge adulte. Dans ce dernier cas, une désillusion peut conduire à une remise en question. En revanche, la personne qui y a vécu son enfance quitte plutôt à cause d'un essoufflement à se conformer au niveau d'exigence des adultes de la secte. «Ces enfants se doivent d'être parfaits, car purs aux yeux de Dieu; certains ont été abusés ou négligés et n'en peuvent plus; d'autres constatent que certains comportements des leaders ne sont pas conformes aux enseignements du groupe.»
Avec la publication du livre Vivre son enfance au sein d'une secte religieuse, l'auteure voulait rejoindre les intervenants comme les travailleurs sociaux, avocats, psychologues et enseignants. Elle a toutefois constaté avec le temps que le sujet en intéresse plus d'un. À preuve, de nombreuses personnes ont assisté le 30 septembre à la conférence de Carolle Tremblay sur les droits de l'enfant en milieu sectaire, à l'invitation du SODRUS.
«À l'ère où l'on parle de consommation responsable, pourrions-nous également envisager de vivre notre liberté de conscience et de religion de façon responsable? Une façon de le faire serait de prendre en compte la protection des droits individuels dont notamment ceux des enfants», conclut Lorraine Derocher.
Lorraine Derocher, Vivre son enfance au sein d'une secte religieuse -
Comprendre pour mieux intervenir, Québec, Presses de l'Université du Québec, 2008, disponible à la Coop de l'UdeSherbrooke.

29/10/2008

Esclaves du XX ème siècle : les enfants dans les sectes

Derniere de couverture

Chantal Tokatlian est sortie d'une secte, elle est aujourd'hui journaliste.

Comment l'avait-elle rencontrée ? Tout bêtement, par un tract trouvé dans sa boîte aux lettres. Le même hasard peut conduire un de vos proches, un adolescent fragile dans ce havre où tout est paix de l'âme et du coeur, d'après du moins les textes des brochures ou les adeptes des sectes chargés du prosélytisme.

Chantal Tokatlian n'a pas mis trop de temps à s'apercevoir que la secte était en fait un univers totalitaire.

Effarée, elle a constaté le triste sort des enfants, réduits à rien, peu ou pas instruits, mal nourris, pas soignés - le Gourou y pourvoira ! - traités comme une main-d'oeuvre commode et souvent comme des objets sexuels.

Grâce à son esprit lucide et foncièrement indépendant, elle réussit à sortir du piège.

Mais le contact avec ce monde étrange et malfaisant lui a donné l'envie d'enquêter sur les différentes sectes en France, en Europe et dans le monde, et particulièrement sur le sort des enfants au sein de celles-ci.

Le résultat de ce " voyage " est aussi fou que révoltant.

Chantal Tokatlian, Esclaves du XX ème siècle : les enfants dans les sectes, publié en octobre 1995 aux Éditions Jacques Grancher
ISBN 2-7339-0493-0.

29/09/2008

Delanoë fait grincer les dents dans son camp


Article publié le 29/09/2008 dans le Figaro par Sophie de Ravinel

Les dossiers du service minimum à l'école et des crèches loubavitch ont divisé la majorité au Conseil de Paris.


«Delanoë, vous le savez, il est plutôt légaliste…» Du seul commentaire de l'adjoint au maire de Paris chargé de l'éducation, Pascal Cherki, perçait lundi le regret. Bertrand Delanoë venait de dire son intention d'appliquer la loi du service minimum d'accueil (SMA) dans les écoles, les jours de grève. «Que les choses soient claires, a-t-il déclaré devant les élus du Conseil de Paris : la loi est promulguée, nous sommes républicains, nous l'appliquerons.» Même si le SMA contraint les communes «à assumer l'échec du dialogue social mené par l'État».

Situé à gauche du PS, Cherki bouillonne et prévient - à quelques jours de la grève du 7 octobre dans l'Éducation nationale - qu'à Paris, cette loi sera appliquée du seul bout des lèvres. Contrairement à Lyon où, croit-il savoir, le socialiste Gérard Collomb «non seulement appliquera le SMA mais doit même y être favorable». «Nous n'avons aucune obligation légale de quotas pour accueillir les élèves, a-t-il précisé pour sa part. Nous ferons donc au minimum : un animateur pour remplacer deux profs absents. De toute manière, ces jours-là, question sécurité, c'est l'État qui est responsable…».

Mais au sein de la majorité parisienne, ce sont les Verts qui se démarquent du maire de façon explicite. Leur président, Sylvain Garel, regrette que Bertrand Delanoë n'ait pas «résisté plus longtemps à cette loi inique». Et de s'indigner qu'une grève «ne dérange plus que ceux qui la font, parce qu'on diminue leur salaire».

Lundi, ces mêmes élus Verts sont montés au créneau avec les radicaux de gauche, pour aborder le deuxième des sujets ayant divisé la majorité municipale : celui des subventions accordées aux crèches associatives des juifs loubavitch. «Elles approchent le million d'euros, note Garel, pour des crèches limite sectaires, non mixtes où, de fait, seuls sont acceptés les enfants de confession juive.» Il regrette que Delanoë, «pour des raisons électoralistes», ne soit pas «plus attentif au respect du service public et de la laïcité».

«Montée du communautarisme»
Sur cette ligne, il est rejoint par la maire PS du XXe arrondissement, très sensible «à la montée du communautarisme» dans son quartier. Frédérique Calandra, qui «refuse d'avoir peur qu'on (la) traite d'antisémite», affirme : «Comme tous les intégristes, les Loubavitch véhiculent un modèle de société auquel je suis farouchement opposée.» «Les premiers excédés sont mes amis juifs libéraux», note-t-elle en se réjouissant que, malgré le vote de la subvention, Delanoë ait décidé la création d'une commission pour étudier le respect, ou non, des conventions publiques.

De son côté, Claude Goasguen - député maire du XVIe -, qui a voté les subventions, comme l'ensemble du groupe UMP, s'est ironiquement réjoui que le maire de Paris «partage les vues du président en matière de laïcité positive». Le maire, hors de lui, s'en est défendu.
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Résumé:

Audit de l'association Jeunesse Beth Loubavitch
Par lettre de mission du 20 décembre 2005, l’Inspection générale a été chargée de mener un audit de l’association Jeunesse Beth Loubavitch.
L’association gère deux crèches collectives dans le 19° arrondissement, rue Petit et rue Riquet, comportant 81 places. Elle bénéficie de subventions qui se montent respectivement à 120.875€ et 25.848€, en application des conventions qu’elle a passées avec la Ville de Paris (Direction des Familles et de la Petite Enfance).
Par ailleurs, elle gère un ensemble scolaire (école, collège, lycée) et bénéficie de subventions de la Ville de 447.661€ pour l’école et 75.668€ pour le collège. En 2004, l’association a accueilli en tout 1658 élèves.
Au terme de leur audit, les rapporteurs souhaitent mettre en avant les éléments suivants :
La réalité de la vie associative ne correspond pas toujours aux statuts.
L’association ne peut être regardée comme une association cultuelle au sens de la loi du 9 décembre 1905, car elle n’a pas pour objet exclusif l’exercice d’un culte. La Ville et le Département sont fondés à subventionner ses activités.
L’association présente une situation financière toujours fragile, même si le dernier emprunt souscrit lui a permis d’en refinancer d’autres et de faire face à ses dettes courantes et donc de lever son interdiction bancaire. Son fonds de roulement demeure toujours négatif. Tout nouvel investissement doit donc être différé dans l'attente que l'association dispose d'un montant minimum de fonds de roulement.
Le prix de revient des deux crèches apparaît modéré par rapport aux autres crèches associatives. Le montant des participations familiales et celui de la subvention municipale par berceau sont également plus faibles.

28/08/2008

En France, des motivations non religieuses

L’instruction à domicile des élèves entre utopie et cauchemar

Article publié dans le Monde Diplomatique en Août 2008.

Violences scolaires, inefficacité du système d’éducation nationale, risques de « contamination culturelle » dans les cours de récréation : ces thématiques ont depuis longtemps franchi l’Atlantique. Et, avec elles, la tentation de l’école à domicile. En 2000, le ministère de l’éducation nationale recensait quelque mille enfants instruits par leurs parents. En 2006, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) en dénombrait plus de deux mille huit cents. A présent, on compterait cinq mille enfants en âge d’être scolarisés mais dont les parents ont choisi l’instruction à domicile.


Le fait que l’école n’est pas obligatoire en France demeure méconnu. L’instruction seule est un devoir, mais elle « peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix », comme l’indique le code de l’éducation (art. L.131-2).


Les adeptes de cette dernière méthode sont toutefois obligés de se déclarer aux autorités en début d’année et de se conformer au contrôle annuel des inspecteurs de l’éducation nationale. Ils ne bénéficient pas de l’allocation de rentrée scolaire, au grand dam des défenseurs de ce système, qui revendiquent une égalité de traitement avec les familles choisissant les établissements publics ou privés.


Trois associations se partagent le terrain de l’éducation à domicile dans l’Hexagone. La plus ancienne, Les Enfants d’abord, regroupe quatre cent cinquante familles et célèbre cette année ses vingt ans d’existence. « La législation ayant tendance à se corser, il est difficile de dire que la communauté française d’éducation à domicile va continuer à s’accroître », explique MmeMarianne Dethier, membre du bureau de l’association. Elle-même a éduqué ses deux bambins pour, explique-t-elle, « pouvoir mener une vie itinérante ».


Contrairement aux Etats-Unis, le facteur religieux ne constitue pas en France un élément déterminant. « La plupart des parents retirent leurs enfants de l’école parce qu’ils jugent que cette institution ne respecte plus les rythmes des élèves. Beaucoup sentent qu’ils peuvent faire mieux que l’école. D’autres invoquent des motivations philosophiques ou liées à la violence de l’école », explique Mme Sylvie Humeau. Regrettant d’être « systématiquement taxée de sectarisme », cette militante de l’association Libres d’apprendre et d’instruire autrement se réfère à des théories pédagogiques alternatives. Celle, par exemple, de Maria Montessori (1870-1952), médecin italienne qui développa un système pédagogique fondé sur l’autodétermination et la curiosité naturelle de l’enfant. « Nous cherchons à redonner du sens à l’instruction et refusons le modèle de l’apprentissage pour l’apprentissage », revendique Mme Humeau.


Julien Brygo.

06/05/2008

Comment les sectes se moquent de la Convention internationale des droits de l'Enfant - CIDE -

Extraits tirés de la revue 'Lien social' No 386 (1)

Isolés, conditionnés, brutalisés, violentés, voire assassinés, les jeunes 'adeptes' doivent effacer leur passé, se détourner des mythes familiaux, n'avoir plus de racine. Le texte qui devrait protéger l'enfance est bafoué, article par article. Explications.

Les sectes tuent

Les sectes tuent et les enfants sont, comme toujours, les plus exposés. La plupart des pays - y compris les plus attachés aux droits de l'Homme - ne se mobilisent guère pour que la Convention Internationale des droits de l'Enfant puisse aussi s'appliquer à l'intérieur des sectes. En effet, il suffit de confronter les différents articles de la Convention aux pratiques de telle ou telle secte, pour constater que le droit est spectaculairement bafoué. L'article 2 stipule que l'enfant doit être protégé contre toute forme de discrimination motivée par les convictions de ses parents, l'article 3 lui assure la protection et les soins nécessaires. L'article 7 préconise la préservation de l'unité familale autour de l'enfant. Or, la véritable famille n'est plus la famille naturelle, adoptive ou nourricière, mais la secte, le gourou devenant alors la seule référence parentale autorisée.
Ainsi conditionné dès son plus jeune âge, l'enfant évoluera dans un monde où la notion de père et de mère n'a pas de sens, quand il n'est pas carrément séparé de ses parents dès sa naissance, comme chez les scientologues, qui préfèrent le confier à une 'nanni' jusqu'à 12 ans, laquelle lui inculquera les préceptes de 'l'église'.
L'article 9 de la Convention prévoit que si une séparation des parents survient, l'enfant puisse avoir des relations régulières avec l'un et l'autre. Or, c'est le contraire qui prévaut lorsque l'un des conjoints n'est pas adepte de la secte ou s'en détache. Ainsi, dans une situation semblable, les témoins de Jehovah 'diabolisent' le conjoint 'opposé' et développent un sentiment de méfiance chez l'enfant. cette suspicion de la secte envers la famille est en fait l'un des gages de sa survie et elle en a fait une doctrine, conditionnant ses adeptes à cesser toute relation, à effacer le passé, à se détourner des mythes familiaux, à n'avoir plus de racines...

Les privations semblent le lot commun

Que dire également du sort fait à l'article 19 qui protège l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, y compris violences sexuelles ?... Et de l'article 31 qui affirme le droit au repos et aux jeux ?... La liste est sans fin des diverses situations de maltraitances auxquelles les enfants des sectes sont confrontés. Les privations semblent le lot commun : privation de nourriture, privation de sommeil, privation de contacts extérieurs, privation de jeux... La vie de certains enfants est un véritable cauchemar : chez Krishna, le lever est à 3h30, immédiatement suivi d'une heure de litanies et de trois heures de lectures des textes sacrés. Même rituel en fin de journée, une journée partagée entre l'enseignement et les activités manuelles. Les repas, de types végétariens, sont très loin de satisfaire les appétits et les besoins, et la seule 'distraction' autorisée, le dimanche, est d'aller faire du prosélytisme en agitant des clochettes et chantant 'here rama, hare Krishna'...Ils vivent dans des locaux sans aucun confort, dorment sur des lits métalliques superposés et ne connaissent rien du monde qui les entoure. Même lorsqu'ils demeurent dans leur famille, comme c'est la cas des Témoins de Jehovah, les enfants sont 'interdits' d'enfance : interdit de participer à des fêtes, de sortir, de regarder la télévision, d'aller au spectacle...

'La Citadelle' s'est fait connaître pour la rage que le couple Mihaies mettait à 'corriger' les enfants. Un 'ancien' témoigne : '... gifles, coups de ceinture, privation de nourriture, de sommeil, station debout des heures durant..., exclusion fréquentes, humilations'. Dans d'autres sectes, les 'rebelles' sont enoyés dans des camps de rééducation dont les teen Ranches créés par david Berg, grand manitou de la Famille, étaient le modèle le plus accompli. Frapper un enfant est donc un acte reconnu et encouragé par les sectes, et écrits et discours en témoignent; un haut responsable de Tabitha's Place : "Même les bébés ont une nature déchue et ont besoin d'être chatiés", et Gilbert Bourdin de Raël évoquant "le petit être qui n'est encore qu'une larve" invitent les parents à appliquer avec vigueur le châtiment corporel...
Mais c'est avec les violences sexuelles que l'on mesure combien les sectes, sous des discours religieux ou philosophiques, peuvent briser à jamais des vies humaines et conduire des enfants au désespoir ou à la folie. Gilbert Bourdin, qui se veut un guide sévère, n'hésite pas à mettre dans son lit ses adeptes et les enfants de ses adeptes. Différents écrits attestent de ses encouragements à la pédophilie, voire à l'inceste, mais le maître incontesté en la matière demere David Berg, dit Moïse David, père universel des Enfants de Dieu - aujourd'hui La Famille - , qui des années durant put réaliser à travers la secte ses plus épouvantables fantasmes. Non seulement cet ancien pasteur a inventé le 'Flirty Fishing' et ainsi amené à la prostitution des centaines de jeunes filles convaincues de servir le Christ, mais il a abusé de ses propres enfants, sans le moindre souci de la loi commune, justifiant ses perversions par une 'théorie' qui pour être simpliste n'en a pas moins convaincu des centaines d'adeptes. il assure, David Berg, que "il n'y a rien de mauvais au monde, quand au sexe, tant qu'il est pratiqué avec amour, de quelque manière que ce soit; pas question de qui ni de quel âge ou de quelle parenté, ni de quelle façon". Moyennant quoi, les mères sont invitées à faire, d'une certaine façon, la toilette de leur petit garçon, et les pères à 'jouer' avec leurs petites filles; quand aux enfants, ils n'ont pas le choix, les relations sexuelles entre eux étaient obligatoires, dûment surveillées par un 'berger'...

Les sectes font peur, et pas seulement à monsieur-tout-le-monde; elles font peur aussi aux magistrats, aux experts, aux hommes politiques. Elles ont des ramifications innombrables, bénéficient de puissants appuis, savent utiliser la moindre faille, invoquer la liberté d'opinion, de conscience, de religion...Elles avancent masquées, ovrant des ateliers de peinture, de musique, proposant du soutien scolaire, organisant des séjours de vacances et créant ainsi un vivier dans lequel elles pourront jeter leurs filets.
Des associations travaillent à combattrent et dénoncer ces pratiques : Le centre de documentation, d'éducation et d'action contre les manipulations mentales (CCMM) et, surtout, l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (UNADFI) dont la présidente Jeannine tavernier, pense que le devoir d'information sur le problème des sectes doit être une priorité pour tous ceux qui sont en contact avec les enfants (enseignants, éducateurs, animateurs...)

Jacques Trémintin

(1) LIEN SOCIAL, 5 rue du Moulin Bayard - 31015 Toulouse cedex 6
Tél 05 62 73 34 40
Fax 05 62 73 00 29
www.lien-social.com

À lire :
Les enfants des sectes, Hayat El Mountacir, ed. Fayard, 1994
Dans le secret des sectes, J.Cotta,P.Martin, ed.Flammarion, 1992

Adresses :
CCMM, 19 rue Turgot - 75009 Paris (01 42 82 04 93)
UNADEFI, 10 rue du Père Julien Dhuit - 75020 Paris (01 47 97 96 08)
Rappelons cependant que ces associations ne savent pas bien traiter les affaires familiales ni protéger les enfants des influences sectaires, elles théorisent bien. Mme Hayat el Mountacir devait réediter son livre sur les enfants et les sectes, mais bon. Comme le démontrent le nombre croissant de parents qui viennent beaucoup trop tard vers nous, aprés avoir été mis en psychothérapie, victimologie et judiciairisation à outrance: procédures longues et couteuses, deresponsabilisation parentale par l'effet pervers dû à des psycho-juridico dépendances socialement bien vues par méconnaissance.
Vous pouvez aussi consulter sur notre blog anglophone:

05/05/2008

Témoignage d'enfant: " j'ai grandi dans une secte religieuse "

"La secte impose une fermeture physique et psychologique qui offre un terrain favorable aux abus".
Par Stéphanie Martin pour le quotidien le Soleil du Québec

Claudine se souvient très bien de son enfance. Les joyeuses parties de cartes avec les oncles et les tantes, la vie simple et tranquille. Jusqu’à ce que tout bascule, alors qu’elle avait neuf ans, quand son père a entraîné la famille dans une secte religieuse. «Cela a détruit notre famille.»

Claudine, ce n’est pas son vrai nom. Même plusieurs années après être sortie du groupe, elle ne veut pas être identifiée. Elle refuse aussi que la secte soit nommée, car certains membres de sa famille en font toujours partie, dont ses parents.

Du jour au lendemain, la petite fille et ses neuf frères et sœurs se sont vu imposer un mode de vie ultrarigide basé sur des principes religieux. Modestie absolue pour les femmes — ce qui implique une entière soumission aux hommes —, code vestimentaire très strict, participation obligatoire à des messes, des prières et des congrès, pèlerinages pour assister aux apparitions de la Vierge.

Progressivement, les enfants ont été coupés du reste de leur famille, puis du monde en général. Chez eux, la télévision était interdite, car elle était considérée comme un objet démoniaque. La peur de l’Apocalypse hantait leur quotidien.

Claudine a eu la chance d’aller à l’école. Mais ce n’était pas le cas de la plupart des enfants des adeptes. Sur recommandation des grands pontifes du groupe religieux, on leur enseignait à la maison. «Mais il n’y avait aucun encadrement, aucun manuel scolaire fourni. Ça faisait des enfants asociaux, qui n’avaient pas de scolarité, des illettrés», raconte Claudine.

Pour elle, les années scolaires ont été difficiles. La petite, affublée de vêtements «différents», essuyait constamment les moqueries. «J’ai beaucoup souffert de cela. De devoir lutter contre le ridicule.»

Mais le pire, c’était l’atmosphère invivable à la maison. Soumise au contrôle et aux pressions extrêmes de la secte, la mère est devenue violente. Les dirigeants exigeaient des parents une sévérité malsaine. «Quand ma mère revenait d’une rencontre avec la directrice, on en mangeait une, dit Claudine. On était bombardés par notre mère.» Un jour, elle a failli mourir, étranglée par celle qui lui a donné la vie.

Excédée, Claudine a fui la maison familiale à 17 ans pour devenir de son propre gré bénévole... à la maison-mère de la secte. Elle y a passé 12 ans, jusqu’à se rendre malade. Puis, elle a trouvé la force d’en sortir, et de se lancer tête première dans ce monde qu’elle croyait peuplé de forces sataniques. «Je me suis sentie perdue. Je ne pensais jamais être capable d’intégrer le monde.» Pourtant, elle y est parvenue. Au prix d’un divorce et de nombreuses thérapies, qui l’ont aidée à faire la paix avec son passé.


Quand la doctrine justifie les pires abus


Au Québec, depuis des années, un nombre indéterminé d’enfants naissent au sein de grou­pes sectaires, sans jamais que leurs noms apparaissent au registre de l’État civil. D’autres y sont emmenés par leurs parents dès leur plus jeune âge et y passent leur enfance. Levée de voile sur l’un des plus grands tabous de notre société.

C’est un drame dont on ne parle à peu près jamais. Sauf quand des scandales sont mis au jour et étalés dans les médias. Comme c’est le cas actuellement avec la secte Yearning for Zion, démantelée au Texas, et de laquelle on a retiré plus de 460 enfants. On y encourageait la polygamie et les mariages entre personnes d’une même famille.

Le phénomène est certes marginal, mais néanmoins réel et, ce qui est très préoccupant, il se produit à l’échelle mondiale, s’inquiète Lorraine Derocher, chercheuse au groupe de recherche Société, droit et religions de l’Université de Sherbrooke, et auteure de Vivre son enfance au sein d’une secte religieuse, fraîchement sorti sur les tablettes.

Pour la rédaction de son ouvrage, elle a réalisé des entrevues avec sept adultes qui ont passé toute ou une partie de leur enfance au sein de groupes sectaires extrêmement fermés. Les récits donnent froid dans le dos. Il y a ce jeune garçon qui, à huit ans, kidnappé par son père, s’est réveillé loin de sa mère et de ses amis, dans un monastère où il devait travailler comme un forcené. Ou cette adolescente à qui on a imposé des rituels sexuels de «purification».


Fermeture


La secte est en rupture contestataire avec les valeurs dominantes de la société, explique Mme Derocher. Elle impose une fermeture physique et psychologique qui offre un terrain favorable aux abus.

Endoctrinés dès leur plus jeune âge, élevés dans la peur du monde extérieur, les enfants ne connaissent souvent qu’une seule réalité : celle de la secte, où «tout est justifié par le discours religieux». Un univers où il est normal d’être battu, négligé, violé, abusé.

«C’est ce qui est le plus grave», estime la chercheuse. Quand un acte sexuel ou violent est présenté à un enfant comme un rituel sacré, cela fausse toute sa perception. «Tu n’as jamais l’impression d’être forcée, (ni) d’être violée, même si tu l’es. C’est comme la pilule du viol, mais là, tu es endormie par la religion. (...) Je faisais ça pour Dieu», relate une femme dans l’ouvrage de Mme Derocher.

Les parents devaient protéger les enfants. Au lieu de cela, ils ont cautionné les abus, déplore Mike Kropveld, directeur général d’Info-Secte. La plupart du temps, les jeunes n’ont jamais fréquenté l’école, ou même le médecin. Ils n’ont donc jamais reçu de cours de sexualité.

Et malgré l’ignorance dans laquelle elles sont enfermées, il se produit chez certaines personnes un déclic, une urgence de partir. Soit parce que les attentes démesurées des parents se font insupportables, que la santé flanche, que les abus sont trop nombreux ou qu’un contact avec l’extérieur provoque un éveil. Et alors survient le choc des réalités.

Comme un immigrant dans son propre pays

Est-ce possible de n’avoir aucune idée de ce qu’est une carte de crédit, de qui est Mickey Mouse ou de l’utilité d’un curriculum vitæ? Les enfants des sectes, quand ils en sortent, partent de loin.

«Une personne me disait que c’est comme être immigrant dans son propre pays», illustre Mike Kropveld, directeur général d’Info-Secte. Les obstacles à l’intégration sont nombreux.

D’abord, pour les enfants des sectes, le monde extérieur est le repaire du malin. L’affronter est extrêmement angoissant. Souvent, dit M. Kropveld, ils se retrouvent sans le sou et la seule lutte pour leur survie accapare toute leur énergie.

Ensuite, puisqu’ils coupent les ponts avec leur famille et leur monde, ils perdent tous leurs repères culturels et moraux, souligne Lorraine Derocher, chercheuse à l’Université de Sherbrooke. Même le vocabulaire qu’ils ont utilisé toute leur vie n’a plus de sens. C’est ce qu’elle appelle le choc des réalités. Pour ceux qui découvrent que les rituels auxquels ils ont participé étaient en fait des agressions sexuelles, des crimes, «c’est dramatique.»

Aux prises avec une détresse extrême, certains songent au suicide ou tentent de mettre fin à leurs jours. D’autres persistent à reproduire l’univers fermé de la secte ou encore perdent les pédales devant la soudaine liberté qui s’offre à eux.

Chez Info-Secte, les demandes d’aide de jeunes de deuxième génération (qui ont passé une bonne partie de leur enfance dans une secte) sont en nette augmentation ces dernières années. Mais les ressources sont peu nombreuses et mal outillées, affirment M. Kropveld et Mme Derocher. Il existe cependant des moyens tout simples pour apporter un peu de réconfort. «Ce qui aide, c’est l’attachement à des personnes significatives, qui donnent un nouveau sens aux choses, naturellement», dit Mme De­rocher.

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Sources :
Le Soleil Québec
Centre info-secte
Université de Sherbrooke
Photo droits reservés AP

LORRAINE DEROCHER.
Vivre son enfance au sein d’une secte religieuse. Comprendre pour mieux intervenir.
Presses de l’Université du Québec, 183 pages

Pour toute demande complémentaire:
Centre Info-Secte Québec / Cult-info center Québec

02/04/2008

Comment les sectes influencent les gouvernements européens

Journal en ligne Bakchich.info / mercredi 2 avril 2008
par Serge Faubert
MODES DE VIE


Sectes, ce sont les responsables politiques qui en parlent le mieux

© Morvandiau


Exclusif : « Bakchich » a pu lire le rapport annuel de la Miviludes avant qu'il ne soit rendu public demain. Un document qui révèle en particulier l'ampleur du lobbying sectaire auprès de l'OSCE, une des plus importantes institutions européennes. Extraits de ce chapitre brûlant

Demain, jeudi 3 avril, le président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) Jean-Michel Roulet, rendra public le rapport annuel qu'il a remis ce matin au premier ministre.

En exclusivité, Bakchich livre à ses lecteurs un des passages les plus saillants de ce document : le lobbying des sectes auprès d'une institution mal connue du grand public, mais ô combien importante, l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe, (OSCE). Regroupement de 56 États, l'OSCE a pour mission la prévention des conflits et la gestion des crises à l'intérieur de son espace régional.

Cette conférence permanente est une cible privilégiée des sectes depuis plusieurs années. Elles y mènent un combat d'influence pour obtenir, sinon une reconnaissance, du moins la respectabilité qui leur fait défaut dans de nombreux pays d'Europe.

Une entreprise menée dans la plus grande discrétion. Les sectes s'abritent systématiquement derrière des associations internationales dont l'intitulé anodin ou ambigu abuse plus d'un interlocuteur. Résultat, elles ont réussi, plus d'une fois, à se faire délivrer des brevets d'honorabilité.

À la lumière des investigations menées par la Miviludes, on comprend mieux comment la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon, a pu, il y a quelques semaines, affirmer que les sectes étaient un « non-problème ».
« Incertitudes sur l'avenir de la Miviludes »

Si l'actualité récente, avec la séquestration présumée, en Sardaigne, d'une ancienne adepte de la scientologie par d'autres membres de l'organisation, a remis sur le devant de la scène les dérives sectaires, l'avenir de la Miviludes demeure incertain. Sa mission va à rebours du concept de laïcité positive qu'entend promouvoir Nicolas Sarkozy. Pas question de pointer du doigt telle ou telle association au moment où l'on s'apprête à élargir le spectre des mouvements religieux.

La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, a déjà donné le ton. Depuis plusieurs mois, elle ignore superbement la Miviludes. Son président, comme Bakchich l'a déjà raconté, en est réduit à la lecture de la presse pour se tenir informé des réunions ministérielles consacrées au problème des sectes.

À cette incertitude sur le sort de la Miviludes est venu s'ajouter, ces dernières semaines, les revers enregistrés par deux figures du combat anti-sectes. La première, le député UMP Georges Fenech, ancien juge d'instruction – il a notamment instruit le procès lyonnais de l'Église de scientologie au début des années 90 –, initiateur des trois commissions d'enquêtes que l'Assemblée nationale a consacrées aux sectes, a vu son élection dans le Rhône être invalidée pour une irrégularité mineure dans son compte de campagne. La seconde, Jean-Pierre Brard, député de Seine Saint-Denis, et maire de Montreuil depuis 1984, a perdu l'hôtel de ville lors du dernier scrutin.

Au sein des Renseignements généraux, la situation n'est pas davantage réjouissante. Le rapprochement de ces derniers avec la DST remet en question les attributions de la section RG chargée de la surveillance des mouvements sectaires. Celle-ci pourrait être dépossédée de sa mission de renseignement et basculer dans la sécurité publique.

Bref, les sectes peuvent se frotter les mains. À ce tarif-là, c'est sûr, elles deviendront enfin un « non problème ». S.F.
EXTRAITS DU RAPPORT

« Une tribune idéale pour être instrumentalisée : la conférence annuelle d'examen de la dimension humaine et autres conférences du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (BIDDH)

L'OSCE est un vaste forum de consultations et de négociations pour les 56 États participants (Europe occidentale, centrale et orientale, États-Unis et Canada). Elle a été conçue de telle sorte que les sociétés civiles des pays membres puissent exprimer leurs doléances lorsqu'elles estiment que leurs libertés fondamentales sont bafouées. Ce principe permet une bonne défense des libertés individuelles là où elles sont menacées.

Le BIDDH est la principale institution chargée de la promotion des droits de l'homme et de la dimension humaine dans l'espace OSCE. La conférence annuelle fait le bilan de la mise en œuvre des engagements pris par les pays participants dans ces domaines, afin d'en dégager des orientations.

Cette réunion d'experts – fonctionnaires internationaux et personnalités qualifiées de haut rang – se déroule sur deux semaines. Elle est ouverte aux représentants de la société civile qui peuvent s'exprimer à égalité avec les délégués des États dans le cadre de plusieurs sessions thématiques parmi lesquelles celles concernant les droits fondamentaux. Toute ONG (Organisation non gouvernementale) est libre de s'exprimer autant de fois qu'elle le souhaite, à la seule condition de s'inscrire au préalable et de respecter un temps de parole de cinq minutes maximum. (…)
Obtenir une caution internationale

Une plateforme institutionnelle de prestige, de surcroît à l'audience internationale, et où chacun peut s'exprimer librement. Le décor ainsi planté en fait le lieu idéal pour faire entendre sa voix en bénéficiant du contexte de respectabilité immédiatement associé à un tel événement. Et les mouvements sectaires l'ont bien compris, puisqu'ils s'affichent sans le moindre scrupule sur un pied d'égalité avec d'autres ONG qui expriment légitimement leurs souffrances.

Le seul but consiste à faire acter leurs interventions. Celles-ci, ainsi dotées d'une caution internationale, pourront ensuite être aisément instrumentalisées par leurs alliés, mais aussi, avec un peu de chance ou un coup de pouce au bon endroit, être reprises par tel ou tel rapport officiel.

(…) Les ONG-phares du réseau d'influence

(…) 1 - Human Rights Without Frontiers / Droits de l'Homme sans Frontières (HRWF) [1]

Cette ONG se dit « indépendante de tout mouvement politique, idéologique ou religieux » et a pour objet de « promouvoir la démocratie, l'autorité de la loi et les droits individuels partout dans le monde par tous les moyens appropriés ».

HRWF, qui demandait en 2007 à la tribune du BIDDH le rattachement de la MIVILUDES au Bureau des cultes du ministère de l'Intérieur et l'arrêt du subventionnement des associations « anti-sectes » (cf. infra), s'affiche principalement comme l'avocat des minorités religieuses et s'applique, entre autres, depuis plusieurs années, à dénoncer les agissements de la France et des autres pays investis dans la lutte contre les dérives sectaires.(…)

2 - La Fédération Internationale Helsinki pour les Droits de l'Homme (FIH) /International Helsinki Federation for Human Rights (IHF) [2]

Fondée en 1983, cette ONG a pour but de promouvoir le respect des engagements des pays membres de l'OSCE en matière de droits de l'homme.

Familière de l'enceinte du BIDDH, elle fait partie des ONG assidues à dénoncer les politiques de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Ses points de vue sont systématiquement repris par les mouvements sectaires et leurs alliés, et ce d'autant plus que son appellation prestigieuse fonctionne comme un label de référence qui fait grande impression. (…)

3 - The Institute on Religion and Public Policy (IRPP) [3]

(…) L'IRPP est une ONG internationale se revendiquant « interreligieuse », dont le but est de veiller au respect de la liberté de religion et de la démocratie dans le monde.

On retrouve, dans son conseil d'administration, M. Richard Land [4], président de la Convention des Baptistes du Sud [5], par ailleurs vice-président de l'« United States Commission on International Religious Freedom » (USCIRF) [6], ainsi que M. David Little, professeur à la « Harvard Divinity School ». Ce dernier avait fait partie de la délégation américaine enquêtant sur la liberté religieuse dans le monde, reçue par la MILS en avril 1999. Il était également signataire, tout comme M. Willy Fautré de « Droits de l'Homme sans Frontières », d'une lettre ouverte au Président de la République Jacques Chirac, publiée dans France Soir le 20 avril 2000, à l'initiative de l'Omnium des Libertés [7], demandant la dissolution de la MILS. Pendant un temps M. Benjamin A. Gilman, ex-sénateur dont l'un des contributeurs de la campagne électorale était l'un des principaux dirigeants de la Scientologie, [8] siégeait aussi au conseil d'administration. (…)

Conclusion

Le réseau d'influence pro-sectaire au plan international, à l'OSCE comme ailleurs, mais aussi au plan national, comme cela a été expliqué dans le rapport 2006 de la MIVILUDES, est somme toute assez restreint. Ses animateurs se comptent sur les doigts des deux mains.
Un réseau restreint, mais doté de moyens considérables

Mais sa disponibilité et ses moyens sont sans commune mesure avec ceux dont disposent les institutions et les associations qui se mobilisent contre les dérives sectaires. Il faut donc compter avec la force de ces francs-tireurs à plein temps dont les discours… et les « caisses » sont régulièrement alimentés.

Cependant, au fil du temps, leurs interlocuteurs de l'OSCE sont de moins en moins dupes. L'effet de répétition finit par s'user si l'on s'en sert trop, et à la différence des comiques qui savent ne pas en abuser au risque de ne plus provoquer le rire escompté, les stratèges sectaires ont du mal à renouveler leur discours : ils ressassent d'une année sur l'autre les mêmes propos accusateurs sur la politique française, les listes et les rapports parlementaires, les associations de victimes, etc.… sans convaincre au final que la France serait parmi les pourfendeurs de la liberté religieuse à cause de sa politique contre les dérives sectaires. (…) »

Lire aussi, dans Bakchich, sur le rapport de la Miviludes et le satanisme, l'article

Les satanistes, de bons petits diables ?

[1] http://www.hrwf.net/network/home.html

[2] http://www.ihf-hr.org/index.php

[3] http://www.religionandpolicy.org/

[4] Cf. infra : notes bas de page n° 26 et 36

[5] Branche des « chrétiens conservateurs » de la mouvance évangélique américaine.

[6] Cf. infra : note bas de page n° 36.

[7] Cf. infra : note bas de page n° 45.

[8] in Le Monde Diplomatique /mai 2001, d'après un texte de Stephen A. Kent dans le Marbourg Journal of Religion – Université d'Alberta Canada